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voyage tunisie 2011 3.2
16 mars 2011

SALAMMBO 4

Voici donc un ensemble de textes autour de la figure de Salammbô, identifiée à Tanit dans sa première apprition ici telle une déesse. Il peut être intéressant de jouer , mimer, danser ou déclamer ce texte en étant attentif surtout à la richesse du vocabulaire et la splendeur de l'évocation.

Bonne route à tous, nous pensons à vous , Mme Lubeit.

 

 

 

 

Description de Salammbô :


Le palais s'éclaira d'un seul coup à sa plus haute terrasse, la porte du milieu s'ouvrit, et une femme, la fille d'Hamilcar elle-même, couverte de vêtements noirs, apparut sur le seuil. Elle descendit le premier escalier qui longeait obliquement le premier étage, puis le second, le troisième, et elle s'arrêta sur la dernière terrasse, au haut de l'escalier des galères. Immobile et la tête basse, elle regardait les soldats.

Derrière elle, de chaque côté, se tenaient deux longues théories d'hommes pâles, vêtus de robes blanches à franges rouges qui tombaient droit sur leurs pieds. Ils n'avaient pas de barbe, pas de cheveux, pas de sourcils. Dans leurs mains étincelantes d'anneaux ils portaient d'énormes lyres et chantaient tous, d'une voix aiguë, un hymne à la divinité de Carthage. C'étaient les prêtres eunuques du temple de Tanit, que Salammbô appelait souvent dans sa maison.

Enfin elle descendit l'escalier des galères. Les prêtres la suivirent. Elle s'avança dans l'avenue des cyprès, et elle marchait lentement entre les tables des capitaines, qui se reculaient un peu en la regardant passer.

Sa chevelure, poudrée d'un sable violet, et réunie en forme de tour selon la mode des vierges chananéennes, la faisait paraître plus grande. Des tresses de perles attachées à ses tempes descendaient jusqu'aux coins de sa bouche, rose comme une grenade entrouverte. Il y avait sur sa poitrine un assemblage de pierres lumineuses, imitant par leur bigarrure les écailles d'une murène. Ses bras, garnis de diamants, sortaient nus de sa tunique sans manches, étoilée de fleurs rouges sur un fond tout noir. Elle portait entre les chevilles une chaînette d'or pour régler sa marche, et son grand manteau de pourpre sombre, taillé dans une étoffe inconnue, traînait derrière elle, faisant à chacun de ses pas comme une large vague qui la suivait.

Les prêtres, de temps à autre, pinçaient sur leurs lyres des accords presque étouffés, et dans les intervalles de la musique, on entendait le petit bruit de la chaînette d'or avec le claquement régulier de ses sandales en papyrus.

Personne encore ne la connaissait. On savait seulement qu'elle vivait retirée dans des pratiques pieuses. Des soldats l'avaient aperçue la nuit, sur le haut de son palais, à genoux devant les étoiles, entre les tourbillons des cassolettes allumées. C'était la lune qui l'avait rendue si pâle, et quelque chose des Dieux l'enveloppait comme une vapeur subtile. Ses prunelles semblaient regarder tout au loin au-delà des espaces terrestres. Elle marchait en inclinant la tête, et tenait à sa main droite une petite lyre d'ébène.

Ils l'entendaient murmurer :

- « Morts ! Tous morts ! Vous ne viendrez plus obéissant à ma voix, quand, assise sur le bord du lac, je vous jetais dans la gueule des pépins de pastèques ! Le mystère de Tanit roulait au fond de vos yeux, plus limpides que les globules des fleuves. » Et elle les appelait par leurs noms, qui étaient les noms des mois.

- « Siv ! Sivan ! Tammouz, Eloul, Tischri, Schebar !
- « Ah ! pitié pour moi, Déesse ! »

Les soldats, sans comprendre ce qu'elle disait, se tassaient autour d'elle. Ils s'ébahissaient de sa parure ; mais elle promena sur eux tous un long regard épouvanté, puis s'enfonçant la tête dans les épaules en écartant les bras, elle répéta plusieurs fois :

- « Qu'avez-vous fait ! qu'avez-vous fait !
« Vous aviez cependant, pour vous réjouir, du pain, des viandes, de l'huile, tout le malobathre des greniers ! J'avais fait venir des boeufs d'Hécatompyle, j'avais envoyé des chasseurs dans le désert ! » Sa voix s'enflait, ses joues s'empourpraient. Elle ajouta : « Où êtes-vous donc, ici ? Est-ce dans une ville conquise, ou dans le palais d'un maître ? Et quel maître ? le Suffète Hamilcar mon père, serviteur des Baals ! Vos armes, rouges du sang de ses esclaves, c'est lui qui les a refusées à Lutatius ! En connaissez-vous un dans vos patries qui sache mieux conduire les batailles ? Regardez donc ! les marches de notre palais sont encombrées par nos victoires ! Continuez ! brûlez-le ! J'emporterai avec moi le Génie de ma maison, mon serpent noir qui dort là-haut sur des feuilles de lotus ! Je sifflerai, il me suivra ; et, si je monte en galère, il courra dans le sillage de mon navire sur l'écume des flots. »

Ses narines minces palpitaient. Elle écrasait ses ongles contre les pierreries de sa poitrine. Ses yeux s'alanguirent ; elle reprit :

- « Ah ! pauvre Carthage ! lamentable ville ! Tu n'as plus pour te défendre les hommes forts d'autrefois, qui allaient au-delà des océans bâtir des temples sur les rivages. Tous les pays travaillaient autour de toi, et les plaines de la mer, labourées par tes rames, balançaient tes moissons. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
A
Cette femme mystique et avec la parure, les mouvements, les moyens d'une déesse semble tournée en rond dans son palais. En effet je trouve que descendre vers des soldats juste pour montrer que les dieux la possède est une belle façon de se faire remarquer mais aussi qu'elle assure une scène de théâtre complexe. Toute la mise en scène pour se montrer la plus irréelle possible est vraiment spectaculaire ( même si ce n'est qu'un livre)ce qui rend le travail de l'auteur encore plus difficile. Il a ainsi réussi à réaliser un livre au détail si précis que l'on se croirai dans un rêve. Description magnifique vraiment !
E
Salambô raconte la légende la fille d'hammilcar qui était traité comme une divinité il met surtout en valeur le respect et la peur qu'avais le peuple de Carthage envers elle. Elle plaint Carthage qui a perdu ses défenseurs qui étaient prêts a tous pour elle.
D
Salammbô donne l'imprétion que le palais est immense, il décrit surtout les habits de la princesse qui sont très sombres.<br /> Le discour de la princesse montre qu'elle déteste Carthage et ses habitants.
G
Salammbô raconte des histoire sur Carthage comme avec la fille de Hamilcar, soeur du général carthaginois Hannibal.D'après le point de vue de Salammbô, la princesse est merveilleuse surtout avec le vocabulaire utilisé.
L
Salammbô raconte des légendes sur Carthage et son histoire comme là par exemple avec la fille de Hamilcar qui est aussi la soeur du légendaire général carthaginois Hannibal .<br /> On peut pensait que la fille de Hamilcar est puni, renié de Carthage car elle porte des habits noirs (couleur triste ,couleur de deuil) et à la fin elle part dans une galère et, alors qu'elle aime Carthage ,elle prononce un discours pessimiste pour Carthage (une prémonition de la 3eme guerre punique ?)<br /> Salammbô décrit cette fille avec grande précision ,dans tous les détails et à part elle personne ne parle ce qui met une ambiance délicate avec un silence lourd
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